Le MOOC et l’entreprise : formation à moindre coût ou nouveau point de contact ?

Considérée comme une technologie disruptive, il crée de nouveaux marchés ainsi qu’une nouvelle chaîne de valeur et poursuit son ascension en France : le MOOC « Massive Online Open Courses ». Une évolution majeure en matière d’accès à la connaissance et à la formation est en marche. Quelles opportunités pour l’entreprise dans une logique de business ?

Le MOOC est une réponse aux besoins nouveaux des apprenants qui peut être envisagé par l‘entreprise grâce au numérique qui y prend une importance grandissante.

Une authentique révolution populaire

L’engouement populaire pour les MOOC en France est croissant et la rapidité avec laquelle le public a adopté cet outil va profondément modifier l’accès à la connaissance.

En français, cela donne CLOM pour "Cours en Ligne Ouvert et Massif", terme recommandé par la Commission Générale de Terminologie, « massif » étant lié au grand nombre de participants.

Après avoir embrasé le milieu académique, le mouvement s'étend peu à peu au milieu professionnel et certaines entreprises ont déjà compris le potentiel que représentaient les cours en ligne pour la formation de leurs équipes, et, dans un second temps, de leurs clients (par exemple, pour une entreprise proposant du matériel de sécurité requérant une formation de prise en main spécifique).

La France est encore loin du monde anglophone qui peut réunir jusqu’à 100 000 personnes sur un même cours, mais elle a le mérite d’avoir amorcée une implication prometteuse.


le mooc et l'entreprise

Open pédagogie numérique

Un point important à relever concernant le MOOC : une communauté d’apprenants centrée autour du sujet enseigné et sur laquelle l'entreprise a tout intérêt à capitaliser.

Le numérique offre différents outils de mise en œuvre pour créer un MOOC : vidéos, forums, wikis, etc. Surtout que les apprenants, de leur propre aveu, trouvent les vidéos plus attrayantes et sont plus enclins à les regarder qu’à lire des livres.

Ce qui peut déterminer l'orientation pédagogique d'un MOOC dont l'objet est la transmission de connaissances conceptuelles. En effet, le contenu porte une valeur propre distincte de la technologie qui ne sert que d'intermédiation.

Sans oublier, la richesse des échanges entre participants, mais aussi entre apprenants et équipe encadrante qui doit demeurer disponible et réactive. Ce qui démontre parfaitement le lien social créé entre des inconnus autour d'un sujet commun.

Ce qui fait la différence, c'est bien l'approche pédagogique.

Bien utilisé, le MOOC possède des atouts indéniables qui manquent aux formations traditionnelles : la capacité à créer du lien sociale à l'échelle de l'entreprise, objectif qu'ont poursuivi avec un succès inégal les réseaux sociaux d'entreprise. Il propose ainsi une nouvelle possibilité pour pallier au manque récurrent de communication entre collaborateurs au sein de l’entreprise aussi bien en interne qu'avec les succursales et les partenaires.

Il reste à voir si les MOOC peuvent s’adapter à la diversité des besoins et des contextes dans lesquels les formations sont requises. S’ils sont capables de préserver l’équilibre entre l’open pédagogie et la confidentialité indispensable au bon fonctionnement de l’entreprise.

Cela ouvre aussi aux PME et aux TPE un nouvel accès à la formation à moindre coût dont elles sont en demande. Préserver les acquis et les faire évoluer pour demeurer opérationnelles et compétitives est devenu vital pour elles. Quant à savoir de quelle façon elles pourront amortir financièrement une telle démarche et avec quelles retombées, seul l'avenir le dira.

Accès à la connaissance à moindre coût

sources pédagogiques doit être gratuit de préférence pour éviter de rebuter les apprenants potentiels. Il doit demeurer accessible en permanence, même si la durée peut être limitée pour favoriser les interactions entre les différentes parties

En revanche, si les apprenants souhaitent obtenir des retours sur leurs productions ou mettre en place des projets de manière collaborative, ils doivent accepter de payer. Une faible contribution est exigée alors qu’elle implique des moyens humains plus importants, ne seraient que pour les corrections ou l'encadrement plus spécifique.

Sans la promesse d'ouverture qui accompagne le MOOC, les apprenants seraient moins impliqués : un enseignement facilement accessible, de bonne qualité et flexible à moindre coût.

Le produit doit permettre des interactions sociales aussi bien entre participants qu'entre l'équipe encadrante et les apprenants. C'est un atout gagnant pour proposer une démarche éducative positive à l'ensemble des parties concernées.

La dimension gamification proposée à l’apprenant l’encourage et le stimule à poursuivre l'aventure jusqu'à son terme, même si jusqu'ici, elle ne concerne encore qu'une minorité de 10% des apprenants inscrits, selon les premières observations des précurseurs.

Ainsi, la popularité croissante est plutôt engageante et laisse entrevoir une évolution aux multiples possibilités.

Dans la vidéo ci-dessous intitulée "Osez le MOOC d’entreprise !", un webinar de Féfaur-Vodeclic datant du 11 mars 2014, montre qu’il est possible de démarrer rapidement son MOOC d’entreprise.



Se faire connaître et étendre sa réputation

Le MOOC est aussi une façon pour les entreprises d’étendre leur réputation en popularisant le nom de l’entreprise ou en proposant une démarche d’appropriation de leurs produits. Même si une partie des personnes interpellées par la démarche ne la mène pas à son terme ou ne s’inscrit pas au MOOC, elles auront eu la curiosité de s’y intéresser et en garderont une image positive : le partage gratuit de connaissances.

Quant au nombre de personnes susceptibles de venir suivre un cours, il grandit chaque jour et contribue à améliorer la visibilité des entreprises instigatrices.

Pour le moment, les entreprises sont encore une minorité à s’investir dans ce type de démarche, pour laquelle elles devront certainement envisager des partenariats avec des institutions privées et publiques proposant des cours en adéquation avec leurs besoins en terme de formation continue.

Bien sûr, le risque que le MOOC devienne une simple vitrine commerciale pour marque employeur ou pré-test produit existe. Seulement, à court terme, il entraînera un effet désastreux sur la pérennité de l’entreprise concernée qui sera considérée alors comme usurpatrice, voire même bien pire. Sa démarche sera alors perçue comme trompeuse et desservira inévitablement ses intérêts.

C’est pourquoi, quelle que soit la taille de l’entreprise, il faut impérativement élaborer une stratégie rigoureuse et performante en adéquation avec le thème abordé pour éviter de transformer un outil performant en nuisible.

Un investissement d’avenir en premier lieu

Aujourd'hui, il est encore trop tôt pour déterminer les bénéfices possibles avec certitude.

Le MOOC demeure avant tout comme un investissement sur le long terme, aussi bien en termes de notoriété que de référence si le cours est de qualité. Il doit répondre à un réel besoin et proposer un accès simple à un contenu à forte valeur ajoutée.

Cette démarche peut parfaitement se convertir en argent à condition que le savoir-faire soit réussi. Les retombées positives peuvent s'inscrire dans le temps et ne se limite pas qu'à la durée du MOOC uniquement. Il peut parfaitement servir de produit d'appel et amener les cibles à acheter les produits payants comme les supports écrits numériques ou papiers, les formations plus techniques payantes, etc.

En effet, le MOOC reste moins cher qu'une formation traditionnelle grâce au levier offert par le numérique qui diminue considérablement son coût dans le secteur privé.

Ce modèle a d'ailleurs été testé dans le cadre du MOOC Gestion de Projet.

Le SPOC, une alternative plus spécifique

Parce l’entreprise n’est pas une université ou une entreprise de formation, elle a peut-être intérêt à se concentrer avant tout sur les cibles identifiées en premier lieu tels les salariés et les clients de l’entreprise.

C’est pourquoi, le SPOC "Small Private Online Classes" (petits cours privés en ligne), par opposition aux cours massifs, apparaît comme une alternative plus spécifique à l’entreprise, du moins dès l’instant où celle-ci décide d’inclure ce nouvel outil open pédagogique à son attirail de base de connaissances.

Il est aussi possible d'associer l'approche numérique à celle du présentiel pour un comité restreint et ainsi proposer une "démarche hybride" d'accès à la connaissance qui allie les supports numériques au contact direct avec le formateur pour favoriser les interactions.

Conclusion

La France est encore loin de pouvoir pleinement apprécier les retombées significatives apportées par le MOOC, aussi bien par manque de recul que par trop peu d’initiatives en ce sens identifiées.

Le MOOC, voir le SPOC, apparaît comme un outil prometteur et pas seulement pour les grandes entreprises. Il reste à inventer un modèle économique pour sa mise en œuvre, voire les partenariats adaptés à conclure pour voir émerger une réelle valeur ajoutée pour l’entreprise.

La France peut certes s’inspirer du modèle américain tout en évitant de reproduire les mêmes erreurs et d’aboutir rapidement à une démarche lucrative pour l’entreprise aussi bien en termes de notoriété que de retombées financières.

A elle de s'approprier le MOOC pour en tirer des bénéfices !

Et, si vous avez une question ou besoin d'un conseil, n'hésitez pas à me contacter.

Partager cet article :