Le manque d’innovation: une incohérence française ?

Une question d’actualité redondante: la France est en manque d’innovation et encore loin d‘être à la hauteur. Trop peu d’entreprises choisissent les stratégies axées sur l’innovation et ont tendance à suivre plutôt qu’à mener. Mais alors qu’est-ce qui freine l’innovation, ce moteur de la croissance ?

[MAJ du 19/03/2014] Consultez le dernier article intitulé "2014, l’innovation en marche en France ?"

Une piètre performance française

Ces derniers mois, différents rapports ont dénoncé le manque d’innovation des entreprises françaises, allant même jusqu’à proposer un ensemble de recommandations pour tenter d’y remédier. Car, l’innovation reste un processus essentiel dans le développement et la croissance d’une entreprise.

Ainsi, la France compte un retard important depuis ces quarante dernières années sur les thématiques de l’innovation, selon une note stratégique de Terra Nova parue cet été, un think tank progressiste indépendant en innovation. Le pays a en particulier manqué l’émergence puis « l’explosion » des nouvelles générations de hautes technologies. Cette analyse est suivie d’un ensemble de recommandations.

Quant à l’Insead, elle a publié pour la seconde année son indice mondial de l’innovation en juillet 2012 et la France n'occupe que la 24e place. La France a chuté de deux places dans le classement.


echec innovation

C’est quoi l’innovation ?

Selon Wikipédia, l'innovation est le résultat de l'action d'innover. C'est un changement dans le processus de pensée visant à exécuter une action nouvelle. Elle se distingue d'une invention ou d'une découverte dans la mesure où elle s'inscrit dans une perspective applicative.

Innover, c’est rompre avec l’usage et encourager le neuf, quitte à faire mourir l’ancien.

Pour les économistes classiques, l'innovation est réputée être l'un des moyens d'acquérir un avantage compétitif en répondant aux besoins du marché et à la stratégie d'entreprise. Innover, c'est par exemple être plus efficient, et/ou créer de nouveaux produits (biens ou services, matériels ou immatériels), ou de nouveaux moyens d'y accéder.

L'innovation résulte à la fois d'une nouvelle idée, faisant appel à la créativité, d'une réalisation concrète et de la réponse aux attentes des consommateurs. Elle vise à obtenir un avantage compétitif en satisfaisant les besoins du marché.

"Comme le montrent nos voisins allemands, l’innovation c’est aussi améliorer les solutions existantes, progresser par petites touches successives et changer par évolutions plutôt que par révolutions" souligne Frédéric Fréry dans son article du 13 juillet 2012.

Des freins culturels

Préservation de l’acquis, peur de l’avenir, peur de l’étranger, la France est effrayée par la mondialisation plutôt que de surfer sur ses mécanismes pour en tirer profit. C’est un pays qui a inscrit le principe de précaution dans sa constitution, décourageant explicitement la prise de risque.

La culture française est encore trop attachée à ses racines, où l’accumulation compte plus que l’échange.

Les réformes politiques, gauches et droites confondues, entretiennent un programme qui, sous couvert de changement, promet le retour au statuquo. Or, tout cela est l’antithèse de l’innovation, qui consiste à défier ou à modifier, à détruire pour reconstruire, à tolérer les expérimentations, à accepter l’échec, pour peu qu’il fasse progresser l’ingéniosité humaine.

L’absence de dynamique entrepreneuriale est aussi reconnue comme un des principaux freins à l’innovation française. Comme le démontre les exemples américain et allemand, dont la dynamique économique repose en grande partie sur une forte capacité entrepreneuriale, celle qui fait cruellement défaut à la France.

Au-delà de la situation critique (dette, chômage élevé, perte de compétitivité...) dans laquelle se trouve la France depuis une quarantaine d’années, elle a besoin d’un changement de méthode, pour guider le pays sur la voie du redressement.
Il faut donc trouver et convenir d’une nouvelle approche et favoriser l’innovation au travers de prise de risques et de l’acceptation de l’échec. Seule l’innovation est considérée comme un vecteur d’évolution indispensable au développement de la dynamique économique des entreprises françaises.

Des freins stratégiques

L'entreprise prend des risques en innovant et défricher un nouveau marché entraîne inévitablement de faire des erreurs, dont certaines peuvent devenir fortement préjudiciables pour l'entreprise ou son avenir.

En cas d'innovation de rupture par exemple, l'entreprise doit recenser les attentes fondamentales des clients et peu y réussissent. Car le client ne peut pas exprimer de besoins en regard d'usages qu'il ne connaît pas encore. Ce qui explique que de nombreuses innovations seront un échec, qu'il s'agisse de nouveaux produits ou services.

Pour protéger son innovation, la parade classique est le brevet. Sa vocation est de permettre à une entreprise innovante d'interdire à d'autres entreprises de la copier dans son accord explicite. Une entreprise innovante disposant d'un brevet sur son innovation est donc en principe protégée d'éventuels copieurs.
Sans oublier qu'un brevet peut empêcher toutes les autres entreprises de travailler dans un domaine et donc d'innover dans celui-ci.

Seulement, certaines innovations ne peuvent pas être protégées par un brevet, , en particulier les innovations de service.

Pourtant, la peur de se tromper et d'aborder un nouveau marché reste un des principaux freins au manque d'innovation des entreprises françaises.

Des freins financiers

En effet, innover peut coûtercher. Non seulement, l'investissement matériel nécessaire peut être important, mais aussi sans aucune garantie de retour sur investissement.
L'innovation ne rapporte qu'à postériori, du moins si elle réussit à conquérir son marché. Sinon l'ensemble des coûts entraîné par son élaboration et sa mise en oeuvre peuvent finir dommageables pour l'entreprise, surtout les petites et les PME. Car, il n'y a aucune obligation de succès quelle que soit la prise de risques initiale.

Quant au brevet, il coûte cheret certaines petites entreprises ne peuvent pas se le permettre, sans compter le temps nécessaire à sa gestion.


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L'open innovation: une autre façon d’innover

L’ "open innovation" séduit de plus en plus les entreprises françaises, démarche qui consiste à intégrer de nouveaux partenaires internes et externes à l’entreprise dans le développement de ses innovations.

Elles affichent une attitude décomplexée face aux enjeux de l’ "open innovation" dont les avantages sont clairement identifiés : une réduction du cycle d’arrivée d’un nouveau produit sur le marché ; l’accès à de nouvelles expertises, connaissances et technologies extérieures venant de laboratoires universitaires, de start-up ou de services R&D d’autres entreprises.

La France suit une dynamique née aux Etats-Unis. Avec un retard certain... En 2009, une étude indiquait que 50% des nouveaux produits ou nouveaux services outre-Atlantique étaient le fruit d’une démarche d’ « open innovation ». En France, cette part atteint seulement 20% aujourd’hui.

"L’'Open Innovation’ est encore considérée comme un outil et tarde à devenir un projet d’entreprise", observe Martin Duval, président de Bluenove.

Conclusion

Il faut privilégier les entreprises, grandes ou petites, qui ont des idées pour faire avancer la filière, quel que soit le secteur, et créer de la valeur ajoutée. L'innovation doit plutôt être organisationnelle, technologique ou dans les activités de service. Avec une démarche qui doit partir du marché, des attentes des consommateurs, du design au marketing innovant.

L’innovation est vitale pour le dynamisme de toute économie. Ce qui est impératif pour les entreprises françaises, c'est d'anticiper les évolutions et les développements possibles. On doit discerner à l’avance ce que sera demain, grâce au travail de veille d'information, et aux réflexions du cluster d'entreprises. C'est un des tremplins en faveur du changement indispensable au redressement de la France.

Et, si vous avez une question ou besoin d'un conseil, n'hésitez pas à me contacter.

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