La "sharing economy": prochaine clef de voûte du business ?

En pleine effervescence, cette nouvelle économie dont les pratiques dépassent aujourd’hui le cadre des particuliers et intéressent les entreprises. En phase avec les nouvelles attentes des consommateurs, elle contraint les entreprises à réinventer leurs offres et modes de distribution. Alors, constitue-t-elle un risque ou une opportunité ?


Les réseaux sociaux et la forte adoption du smartphone en France facilite l’instauration de ce nouveau modèle économique alternatif.

Pour s’en convaincre, il suffit de se concentrer sur la thématique prépondérante abordée aux dernières conférences réunissant de nombreux experts professionnels aussi bien français qu’étrangers.

Les 2 3 & 4 mai 2013 a eu lieu le premier OuiShareFest à Paris, un festival de trois jours entièrement dédié à l'économie du partage et à la production collaborative.
OuiShare est un collectif international qui vise à favoriser le développement de l’économie de partage

Et la conférence LeWeb à Londres 2013 (seconde édition d’été) le 5 et 6 juin a donné toutes les clefs pour comprendre la "sharing economy".

Qu’est ce que la sharing economy ?


sharing_economy

La "sharing economy", économie du partage en français, est un nouveau modèle économique basé sur le partage et l’échange. Elle tire son principe du mouvement de la consommation collaborative permettant de consommer de manière plus responsable, plus économique et plus éthique, grâce à la force de la communauté.

Cette économie qui gagne du terrain est largement alimentée par le climat de récession de la crise qui perdure. En effet, les consommateurs cherchent de nouvelles façons, plus économiques et rentables, de consommer ce qu’ils ont besoin.

Ce modèle valorise le partage et les expériences sociales plutôt que la possession de biens. Il est né dans les années 2000 -et émerge en France en 2010- grâce à l’essor du web qui offre une plateforme idéale pour favoriser les interactions, en mettant les internautes en contact les uns avec les autres.

Des sites comme PriceMinister, leboncoin ou BlaBlaCar sont des exemples de plateforme de cette économie collaborative.

La valeur est dans l’usage, pas le produit

Ce sont les prémices d’une évolution profonde du rapport aux objets : les bénéfices de l’accès s’imposent devant ceux de la propriété, les expériences sont davantage valorisées que la possession.

"La possession est en train de céder la place à l’usage", explique le sociologue Tristan Benhaim.

La propriété n’est plus l’apanage en période difficile. L’économie de partage remet au goût du jour certains procédés communautaires vieux comme le monde.

Plusieurs utilisations existent au sein de l’économie collaborative :

  • la vente de produits d’occasion. Cela donne une seconde vie au produit vendu, permettre au vendeur de se faire de l’argent tout en gagnant de la place et à l’acheteur de faire des économies;
  • le troc, qui consiste à échanger un produit ou service contre un autre;
  • les achats groupés, qui permettent à plusieurs acheteurs de s’unir pour bénéficier de tarifs réduits grâce aux économies d’échelle réalisées;
  • la location, qui consiste à mettre à disposition contre finances ses produits où ses compétences pour une durée déterminée.

Ces différentes utilisations servent autant à l’échange de biens que de services.

En tant qu’intermédiaire de médiation, la plateforme web permet de gérer l’ensemble des transactions effectuées entre les individus et établit la confiance entre eux puisqu’elle assure la protection contre les risques.

Partage et contribution

The Mesh (le maillage) de Lisa Gansky, traduit dans plus de 15 langues, explore les récents développements de l’économie de partage et les nouveaux business models de la fonctionnalité.

On partage aussi les process de fabrication, au sein des FabLabs.
Chris Anderson, rédacteur en chef de Wired, annonce la révolution industrielle portée par les "makers", ces particuliers qui ont désormais le pouvoir de fabriquer chez eux, des objets grâce à la démocratisation des outils de production issus de nouvelles technologies.

Le particulier devient ainsi responsable et acteur du marché. Il s’implique dans la vie et le développement des entreprises auxquelles il est fortement attaché. Il souhaite participer concrètement à la création de nouveaux produits (crowdsourcing), devenant ainsi le porte-parole de l’entreprise dont il véhicule l’image dans sa communauté.

Il est même prêt, par le biais du financement collaboratif (crowdfunding), à financer un projet porteur (Babyloan pour les micro-entrepreneurs), un nouveau projet pour les entrepreneurs (Friendsclear) ou encore le premier album d'un nouvel artiste (My Major Company).

Plus de 1000 initiatives ont été recensées dans le monde par le site collaborativeconsumption.com et les experts réunis aux OuiShareFest estiment qu'un nouveau monde est en marche tout en étant conscients du besoin d'asseoir les valeurs et l'identité du mouvement.

Un mouvement qui touche toutes les générations

L'économie du partage touche toutes les générations selon Rachel Botsman et Roo Rogers qui ont publié, en 2010 "What's Mine Is Yours: The Rise of Collaborative Consumption" (en français,"Ce qui est à moi est à vous : la montée de la consommation collaborative").

Les "Digital Natives" (génération Y) sont les pionniers du modèle économique car pour eux c’est complètement naturel et intuitif de fonctionner ainsi. Tout comme pour les générations plus anciennes –celles de la guerre- qui possèdent un sens aigu de la communauté.

Quant aux plus de 40 ans, ils acceptent bien l’idée de partager avec toutes les personnes au sein d’une communauté web, les 20/30 ans privilégieraient les réseaux plus restreints.

Ils ont néanmoins, dans l’ensemble, une vision très positive de l’acte de partager, semblent plus ouverts à l’idée et davantage optimistes quant au potentiel du partage à l’avenir.

Vers un nouveau modèle de consommation ?

La révolution du partage est en marche. Ce phénomène mondial est porté par la crise qui favorise ces modes de consommation alternatifs, comme le note l’Observatoire Cetelem dans son édition consacrée au consommateur en mode alternatif (édition 2013).

Les français consomment moins, mais surtout différemment. Ils veulent s’affranchir des contraintes du commerce traditionnel et consommer malin. Ce modèle collaboratif concerne tous les secteurs et favorise les interactions humaines. L’hyperconnexion des individus, qui sont localisables en permanence avec leurs téléphones ou leurs tablettes, laisse entrevoir l’accès à des services partout et instantanément. Même si ces pratiques ne sont pas nouvelles, le Web les facilite et les diffuse bien plus largement.


la consommation collaborative

Le lien social ainsi créé jette les bases de nouvelles structures sociales où l’échange et le partage sont les maîtres mots.

Ainsi, l’idée d’échanger son habitation a été popularisée parmi les universitaires américains dès les années 50. Le covoiturage non plus n’a pas attendu le Web pour exister.

Surtout que le consommateur tente aujourd’hui de faire face à l’obsolescence programmée qui le conforte dans sa quête de consommation alternative et explique en partie la progression de ce modèle économique.

Comme l’indique Etienne Gless dans L’Entreprise.com, "l’économie contributive mise sur la force des communautés pour produire, consommer et travailler autrement".

La La manière dont les consommateurs font des affaires évolue rapidement.. Les technologies de réseautage alimentent la montée d’une économie de partage qui change la vision de la propriété et ouvre la voie à des nouvelles initiatives communautaires.

Conclusion

Rendus possible et amplifiés par les réseaux sociaux, le local et la mobilité (SoLoMo), cette dynamique ne doit plus être ignorée par les entreprises françaises et doit être intégrée rapidement dans leur stratégie.

L’open source informatique n’a pas empêché les entreprises traditionnelles de se faire un nom comme Apple ou Microsoft.

Tandis que la nouvelle économie du partage poursuit sa progression, et qu’elle compose avec un avenir économique incertain, le partage est selon toute vraisemblance en voie de devenir une part permanente et de plus en plus importante de la vie quotidienne des internautes. Il reste aux entreprises de s’ajuster au temps présent d’adapter une offre en adéquation si les services ou produits qu’elles proposent le permettent et de se brancher sur ses possibilités.

Surtout, il ne faut pas avoir peur de l'échec et si votre idée ne fonctionne pas, il faut essayer de comprendre pourquoi et aller de l'avant. Et c'est peut-être le meilleur conseil à partager sur l'économie de partage.

Et, si vous avez une question ou besoin d'un conseil, n'hésitez pas à me contacter.

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